Femme du nucléaire : l'exemple de Lydie Evrard directrice générale adjointe de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique

Publié par Luisa Lemerle, le 10 juin 2025   53

Le projet 3NC (Normandie Nucléaire Nouvelles compétences) réunit 37 partenaires industriels, institutionnels et de l’enseignement, afin de répondre aux besoins croissants de l’industrie nucléaire. L’un des objectifs de cette collaboration est la formation de 5400 personnes par an d’ici 2030, du CAP au doctorat. Il y a aussi une volonté d’attirer les jeunes femmes vers les métiers techniques et scientifiques. La filière nucléaire n’est pas encore exemplaire en termes de mixité. Selon une enquête menée en 2021, par l’Agence pour l’Énergie Nucléaire de l’OCDE, les femmes ne constituent que 24% de l’effectif total. Il est à noter qu’elles sont également sous-représentées dans les postes de cadre et de direction. Nous présentons donc ici une femme du nucléaire influente et  inspirante : Lydie Evrard.

Un parcours brillant : des qualités reconnues aussi bien en France qu'à l'international

Lydie Evrard est diplômée ingénieure de l'École nationale supérieure Mines-Télécom Lille-Douai (IMT Nord Europe) en 1995 et a également un master de l’IFP School en développement et exploitation des gisements d’hydrocarbures. Elle commence sa carrière comme chargée du suivi des gisements d’hydrocarbures au sein du ministère de l’économie et des finances puis comme responsable d’une subdivision environnement au ministère de la transition écologique. En 2006, l’ingénieure entre à l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) où elle grimpe les échelons petit à petit. Elle exerce d’abord comme adjointe au chef de division puis comme directrice de la section déchets, installations de recherche et du cycle. Elle devient membre du collège de l'ASN en 2017. Son expérience et ses compétences, aussi bien techniques que managériales et de gestion, lui permettent d’ouvrir sa carrière à l’international. Lydie Evrard est élue directrice adjointe de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique en 2021. Elle y est également cheffe du département de la sûreté et de la sécurité nucléaires. Ses fonctions l’emmènent à inspecter des centrales à travers le monde comme celle de Fukushima au Japon et Zaporijia en Ukraine après les bombardements russes. Tout récemment, Lydie Evrard a été nommée directrice générale de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) après délibération de l’assemblée nationale et du sénat.

"Il serait dommage que les femmes s'autocensurent"

Son parcours est la preuve que les femmes ont leur place dans l’industrie du nucléaire, notamment dans des métiers à haute responsabilité. Lors d’un entretien à l’occasion du 25ème anniversaire de la résolution 1325 de l’ONU (Femme paix et sécurité), Lydie Evrard a encouragé les femmes à s’orienter vers des carrières scientifiques. Elle a décrit ces métiers comme « passionnants, diversifiés avec de nombreuses opportunités » et « qu’il serait dommage que les femmes s’autocensurent ».

Des associations pour mettre à l'honneur les femmes dans les sciences

Même si de nombreux postes scientifiques et techniques sont occupés par des femmes, elles manquent de visibilité dans les médias pour inspirer les nouvelles générations. Des associations comme Femmes et Sciences ou Femmes ingénieures mènent des actions de promotion des filières scientifiques auprès de jeunes filles. L'association Women in Nuclear France décerne, elle, le prix Fem'Energia depuis 2009 aux étudiantes et professionnelles  du nucléaire. Toutes ces initiatives ont un seul but : que la mixité dans les sciences ne soit plus une utopie mais bien une réalité.


Crédit photo : International Atomic Energy Agency

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