Quand les poissons font pousser les légumes

Publié par Marc Legras, le 8 octobre 2018   4k

À Saint-Victor-l’Abbaye, Guillaume Schlur, Ingénieur formé à Mont-Saint-aignan à l'Ecole d'Ingénieur en Agriculture UniLaSalle (à l'époque "Esitpa"), a lancé une exploitation aquaponique au printemps 2017. Une première en Normandie !

Encore peu répandue en France, cette méthode consiste à utiliser les déjections de poisson pour faire pousser des cultures… L’idée semble à première vue saugrenue... C’est aussi pour cela que Guillaume a choisi le nom de FADA - Ferme aquaponique de l’Abbaye - à Saint-Victor.  A 34 ans, apres une première année de production, il vient de cloturer une campagne de financement participatif sur la plateforme MIIMOSA pour lancer une nouvelle surface de production sous sa serre.



Les cultures poussent sur des radeaux
Le principe  ? Posées sur des radeaux de polystyrène, les cultures s'alimentent en trempant dans une eau enrichie en azote minéral produit par les bacs à truites. Ainsi, pas besoin ni d’arroser, ni de fertiliser… ni de désherber. Le gain de temps est conséquent. Économe en eau, le système l’est d’autant plus qu’il fonctionne en circuit fermé, à l’aide d’une pompe faisant circuler le liquide entre les bacs à poissons et les bassins qui contiennent les plantes.
Par ailleurs, cette technique permet d’éviter toute pulvérisation sur les cultures. « Si une carence est constatée, il suffit de réaliser un ajout microdosé dans l’eau, indique Guillaume Schlur. De cette manière, on peut consommer les produits sans les laver au préalable. »

                                         


Sous la serre de 1300m2 dont a hérité le jeune entrepreneur, légumes et plantes aromatiques, salades, concombres, aubergines, poivrons, piment, basilic, menthe, persil, aneth, coriandre, ciboulette, tomates, fraises etc. – s’épanouissent à merveille.


Biologique ?

L’aquaponie plébiscitée par la cOP 21, n'a comme seul intrant la nourriture pour les poissons; toutefois même si il n'utilise aucun pesticide, il ne peut prétendre à une labellisation bio, les plantes devant pousser en pleine terre. De même, en AB, l'eau des poissons doit être renouvelée; ici le circuit est fermé... Il reste encore du chemin pour faire connaitre et reconnaitre la qualité de cette méthode de production.


Vente directe?

À terme,  «  vendre le maximum en vente directe » est l'objectif de Guillaume. À cet effet, le batiment actuel où il opère la transformation des truites sera bientot un magasin. Actuellement la production est écoulée dans quelques restaurants, bistrots et épiceries rouennaises. Pour l'heure, un point flateur, les denrées sont commandées avant même d'être produites...



Marc LEGRAS, Agronomie, UniLaSalle

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Fada. 20, rue Guillaumele-Conquérant
à Saint-Victor-l’Abbaye.
Contact sur aquaponienormandie.com