Alcool et drogues : une étude sur les habitudes de consommation des étudiants

Publié par UNICAEN Normandie, le 23 novembre 2017   5.9k

Le projet de recherche ADUC vise à mieux comprendre les consommations de substances psychoactives en population étudiante. L’objectif : identifier les facteurs de vulnérabilité pour, à terme, concevoir des outils de prévention ciblés. Coordonnée par Hélène Beaunieux, professeur de neuropsychologie, cette étude longitudinale a débuté le 20 novembre 2017, pour une durée de cinq ans. Les premières données issues de la phase test lancée en novembre 2016 sont déjà disponibles.

Les addictions sont toujours l’expression d’une expérience humaine, de trajectoires de vie et de facteurs environnementaux. L’échange entre disciplines s’avère donc essentiel pour comprendre les addictions dans toute leur complexité. Porté par le Laboratoire de psychologie Caen Normandie, en partenariat avec les services d’addictologie et d’addictovigilance du CHU de Caen, le projet ADUC regroupe des chercheurs en neuropsychologie, psychologie du développement et psychologie sociale, et des chercheurs en STAPS. Dans ce cadre, les 30 000 étudiants UNICAEN sont invités à répondre à un questionnaire en ligne* sur leurs habitudes, leurs pratiques, et leurs comportements au regard du tabac, du cannabis, de l’alcool, de l’ecstasy, de la cocaïne ou encore des médicaments - ces substances, dites psychoactives, qui ont des effets souvent délétères sur le fonctionnement cérébral. 

 Afin d’identifier les facteurs qui favorisent les consommations, les chercheurs s’intéressent en particulier au jugement que les étudiants portent sur leur qualité de vie - études, alimentation, stress ou encore sommeil. Il s’agit également de décrypter les attentes des étudiants vis-à-vis de ces substances, pour mieux les déconstruire. À titre d’exemple, le “binge drinking“, l’ingestion massive et rapide d’alcool généralement pratiquée en fin de semaine et suivie d’une période de sevrage en début de semaine, est un comportement fortement lié au groupe – qu’il s’agisse de s’y adapter ou de le renforcer. Quant à la cocaïne, elle confère une image d’aide à la performance et est souvent perçue comme un moyen d’intégrer certains milieux professionnels ou sportifs. À terme, il s’agira de concevoir des campagnes de prévention ciblées à l’intention des étudiants UNICAEN. « Mais inviter les étudiants à s’interroger sur leurs propres habitudes de consommation, c’est déjà faire une première démarche de prévention », souligne Hélène Beaunieux. Le questionnaire constitue en effet l’occasion, pour tout un chacun, de faire un point sur ses consommations. Il sera envoyé à raison d’une fois par an sur une période de cinq ans afin de suivre l’évolution des comportements addictifs.

 Une première enquête a été lancée début octobre 2016 afin d’établir un panorama des consommations**. 4 070 étudiants âgés de 19 à 35 ans, soit près de 15% de la population étudiante, ont complété le questionnaire. Selon les données recueillies, les substances psychoactives les plus consommées au cours des douze derniers mois concernent l’alcool et le tabac. Viennent ensuite le cannabis, l’ecstasy et la cocaïne. Si l’usage répété de drogues favorise l’apparition de troubles psychiques et cognitifs tels des difficultés de concentration et de mémorisation, les effets sur le cerveau de substances consommés précocement restent encore à explorer. Des études expérimentales sont ainsi proposées aux étudiants souhaitant aller plus loin, et ce afin de comprendre les conséquences des pratiques de consommation sur le fonctionnement cognitif, émotionnel et motivationnel.

* La participation est strictement anonyme : le questionnaire, déclaré à la CNIL, ne contient aucune information permettant d’identifier le répondant.

** Les premiers résultats sont présentés dans la plaquette « Retour sur l’enquête ADUC 2016-2017 », disponible en téléchargement sur le portail de la Recherche UNICAEN.

contact : aduc@unicaen.fr