Conférence à Argentan sur le bien-être des animaux d’élevage : un besoin de reconnecter société et élevage

Publié par LIT OUESTEREL, le 1 septembre 2021   910

Le 11 juin dernier, l’Association LIT OUESTEREL organisait une première conférence « Elevage et bien-être animal, on en parle ? » à la médiathèque d’Argentan. Les 43 personnes présentes lors de cette soirée animée par le Dôme ont pu échanger autour des enjeux liés au bien-être des animaux d’élevage.

5 INTERVENANTS INVITÉS : SCIENTIFIQUES, AVOCATE ET SPÉCIALISTE DES QUESTIONS D’ABATTAGE

Lors de cet échange, cinq invité.e.s ont apporté leur expertise sur la notion de bien-être animal en général, et sur l’élevage de bovins en particulier. Il s’agit de :

  • Jean-Louis Peyraud, Directeur de recherche INRAE et spécialiste de l’alimentation des vaches laitières et des rapports entre élevage et environnement.
  • Raphaël Guatteo, Vétérinaire et enseignant chercheur à Oniris. Spécialiste de la gestion de la santé des bovins.
  • Lydiane Aubé, Post doctorante dans la Chaire Bien-être animal de VetAgro Sup et à l’UMR Herbivores (INRAE – VetAgro Sup). Elle mène des travaux de recherche en vue de développer et de valider des indicateurs de bien-être des vaches laitières au pâturage.
  • Cathy Morales-Frenoy, avocate au barreau de Paris et de New York en droit de l'environnement industriel et auteure du livre « Le droit animal ».
  • Thierry Eudeline, Vice-président de l’association l’Abatt’ mobile et ancien dessinateur projeteur dans le domaine des équipements d'abattoirs pour les bovins, porcs et ovins.

“LE BIEN-ÊTRE ANIMAL, C’EST UN PEU FLOU”

Pour les participants, le premier constat fût que la notion de bien-être animal est flou.

L’ANSES, en 2018, en a donné une définition :

« Le bien-être animal est l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal ».

Le bien-être animal ne se définit pas seulement par la satisfaction des besoins « primaires » des animaux, comme par exemple, l’accès à l’eau et à l’alimentation, etc. S’y adjoignent également les besoins psychologiques (absence de peur ou de stress par exemple).

Le domaine scientifique de l’éthologie (étude du comportement des animaux), très dynamique, vient enrichir notre connaissance et notre compréhension de ces besoins psychologiques ainsi que la façon dont nous pouvons, nous humains, les identifier et les reconnaître comme tels. 

La notion de bien-être animal est ainsi en évolution, au rythme des découvertes scientifiques et des observations. Ces connaissances nouvelles peuvent réinterroger des pratiques d’élevages acquises depuis longtemps, et en consolider d’autres, renforçant d’autant le besoin de liens entre les scientifiques et les éleveurs.

LA TECHNOLOGIE, COMPLÉMENT POSSIBLE DE L’OEIL DE L’ÉLEVEUR POUR AMÉLIORER LE BIEN-ÊTRE ANIMAL, MAIS À QUEL PRIX ?

Se pose alors la question de savoir comment repérer ou mesurer les états de bien-être ou de mal-être des animaux. Le premier regard est celui de l’éleveur, qui connaît ses animaux. Ce regard peut être complétés par des technologies. Celles-ci se sont considérablement développées ces dernières années. Ces outils apportent par exemple une aide pour la gestion de la reproduction (détection des chaleurs, des vêlages, …), ou encore pour suivre la production de lait, l’alimentation et la santé du troupeau.

Au fur et à mesure que nous en apprenons plus sur les animaux, il devient aussi possible de détecter des informations auprès des animaux que l’homme ne peut pas percevoir par lui-même. C’est le cas, par exemple, de certaines vocalises émises par les porcs dans des fréquences que l’oreille humaine ne peut entendre et qui sont pourtant porteuses d’informations sur l’état de bien-être des animaux. Les technologies peuvent ainsi contribuer à améliorer le bien-être des animaux, tout en en objectivant sa mesure. Reste toutefois la question du coût de ces outils et de la gestion des données générées.

LA SOCIÉTÉ NE SOUHAITE PLUS VOIR D’IMAGES DE MALTRAITANCE ANIMALE.

Si les éleveurs sont au contact de leurs animaux de façon quotidienne, la société peut avoir une vision distanciée de l’élevage. Dans ce contexte, les images qui marquent le plus sont celles qui montrent des animaux maltraités.

Aujourd’hui, la société ne souhaite plus voir ces images et s’interroge sur les façons d’aider les éleveurs et leurs animaux pour que ces situations de maltraitance n’existent plus.

Plus que justifier de bonnes pratiques ou du caractère isolé de ces cas, les participants ont exprimé leur besoin de reconnexion, de connaissance mutuelle et de dialogue.

LE CONSOMMATEUR EST-IL PRÊT À PAYER PLUS POUR PLUS DE BIEN-ÊTRE ANIMAL ?

Si certaines pratiques permettant d’améliorer le bien-être sont peu couteuses, d’autres le sont nettement plus. Elles entraînent des coûts supplémentaires aux stades de l’élevage, du transport et de l’abattage. Et donc mécaniquement, ce sont les prix des produits animaux qui augmentent. Si les consommateurs se soucient de plus en plus du bien-être des animaux d’élevage et expriment le souhait de conserver une excellence alimentaire “à la française”, l’inquiétude principale des agriculteurs présents est que ces consommateurs se détournent des productions françaises au profit de productions étrangères pouvant être moins chères mais moins distantes en termes de bien-être des animaux.

Dans la continuité de ce débat, l’Association LIT OUESTEREL organise actuellement une série d’ateliers participatifs destinés aux habitants, consommateurs, éleveurs, experts, scientifiques et représentants des pouvoirs publics. Ces ateliers permettront entre autres de reprendre les principales questions posées lors de ce débat, et de conduire un processus créatif qui, nous l’espérons, apportera des solutions concrètes permettant d'améliorer la santé et le bien-être des animaux d'élevage.

Ce débat a été animé par François Millet, Living Lab Manager au Dôme.

Cet article a été rédigé par Clémence Bitu, Morgane Leroux et Romain Piovan de l’Association LIT Ouesterel, avec l’aide d’Arnaud Rioual, médiateur scientifique au Dôme.

Crédits photos : Médiathèque d'Argentan

Pour plus d’informations sur cette conférence, téléchargez les documents de restitution en pièces jointes !

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