Presqu'en Fabrique : du concept à l'idée sur la signalétique de demain

Publié par Presqu'en Fabrique, le 27 juin 2025   120

Qu’est-ce que le projet Presqu’en Fabrique ?

Le projet est né de la constitution d’un collectif d’étudiants, Presqu’en Fabrique, issu de deux formations en urbanisme : l’une à Sciences Po Rennes, l’autre à l’EM Normandie. Ce collectif s’est formé dans le cadre d’une commande portée par le programme Débord(i)ons, à l’occasion du Millénaire de Caen. 

Qu’est-ce que le projet Débord(i)ons ?

En 2025, la ville de Caen célèbre son millénaire à travers une programmation événementielle. Parmi les temps forts figurent le Week-end Maritime (27–29 juin) et le Parcours d’œuvres (21 juin–31 août), qui invitent à redécouvrir le territoire entre Caen et la mer, à travers notamment un parcours artistique et culturel. 

C’est dans ce cadre que le collectif Presqu’en Fabrique a répondu à une commande portée par le programme Débord(i)ons, piloté par le pôle territorial de coopération associatif (PTCA)  de la Presqu’île Créative de Caen et l’Agence d’événementiel Treize. Le programme Débord(i)ons est un laboratoire vivant qui interroge la question du territoire et de l’eau sur la presqu’île de Caen. La commande consistait à créer des bornes d’informations et un guide de signalétique événementielle en espace public pour reproduire les bornes et les adapter à d’autres évènements territoriaux. 

La démarche mise en place repose sur la méthodologie du living lab, en collaboration avec Le Dôme, un espace collaboratif d’innovation ouvert à tous les publics situé à Caen et dédié au dialogue entre sciences et société. Ce lieu regroupe des acteurs issus de milieux variés et favorise la co-conception de produits et services en impliquant activement les usagers à travers des ateliers et des rencontres participatives.

En réaction à l’urbanisme traditionnel qui promeut des projets basés sur la planification, une gestion verticale et qui se déploie sur des temps longs, l’urbanisme tactique s’est développé pour accélérer la transformation des territoires à court-terme pour inciter à des comportements plus responsables. Il s’agit de projets développés à une échelle très localisée dans l’espace et dans le temps afin de favoriser l’expérimentation de nouvelles pratiques. Ces projets sont composés d'infrastructures nécessitant peu de ressources (financières, humaines, temporelles…), souvent issues du réemploi. L’objectif est de s’inscrire dans une démarche low-tech, visant à rendre le travail du collectif appropriable par le plus grand nombre, résiliente, robuste, fonctionnelle et recyclable. 

Parmi des exemples célèbres de projets d’urbanisme tactique, on peut citer le Park(ing) Day, les jardins éphémères ou encore les coronapistes développées pour inciter à la pratique du vélo pendant la pandémie de Covid.

De gauche à droite : exemple de Park(ing )Day (Source : myparkingday ; sd) et exemple de coronapiste (Source : Le Parisien, 2021) 

“Nous avons pu expérimenter une autre approche de l’urbanisme avec l’urbanisme tactique, une approche résolument pratique et collective autour d’un territoire aux enjeux riches” - Valérie.

Les bornes signalétiques du projet Débord(i)ons s’inscrivent dans les pratiques d’urbanisme tactique. En effet, le projet a été mené sur huit journées de travail par un collectif d’une trentaine d’étudiants issus de l’EM Normandie et de Science Po Rennes et encadré par le FabLab du Dôme de Caen ainsi que de l’agence Treize spécialisée dans l’évènementiel. De plus, les bornes sont essentiellement composées de tasseaux, planches et de matériaux de récupération, permettant de réduire considérablement le budget nécessaire pour ce projet. Enfin, un point d’honneur a été mis sur la modularité des bornes. En effet, Débord(i)ons se déroulant dans le cadre du Millénaire de Caen, et donc à vocation éphémère (sur la période estivale), l’objectif était de pouvoir réutiliser ces bornes pour d’autres projets (foires, expositions, courses, etc.).

“Ce que j’ai trouvé très intéressant dans ce projet, c’est de travailler à rendre le parcours accessible à tous et toutes, de se mettre à la place des gens pour essayer de faire le parcours le plus inclusif possible. Et tout ça en travaillant avec une équipe pluridisciplinaire qui nous a permis d’élargir nos perspectives et d’aller plus loin dans nos idées.” - Camille.

Un projet conçu en concertation

“Avec les ateliers on a pu exercer la médiation avec des publics extérieurs. Ça a permis de faire émerger des réflexions sur des sujets comme le low-tech et le changement climatique en s’appuyant sur un objet physique”– Youna.

Deux ateliers de concertation “Faites vos balises !” ont également été organisés le mercredi 11 décembre et le mercredi 30 avril au Dôme. Durant deux heures, les participants ont été invités à imaginer et à réaliser un modèle de balise afin de guider les habitants et les visiteurs dans l’espace public tout au long de l’évènement. Adaptabilité et accessibilité étaient les maîtres mots du projet : cette borne doit être modulable pour s’adapter à d’autres  évènements  que celui de Débord(i)ons et apte à guider tous types de public peu importe son âge et sa nationalité, tout en prenant en compte les handicaps moteurs, physiques et cognitifs. A la fin des ateliers, un temps de restitution était organisé pour faire le bilan de l’atelier. 

Temps de restitution des projets par les participants du 30 avril devant les animateurs et un journaliste de Ouest-France. Collectif Presqu’en Fabrique, 2025

Lors du premier atelier de co-prototypage, les quatre participants ont conçu un cadran solaire. Chacun d’eux a pu retravailler le plan du cadran sur ordinateur afin de modifier le prototype à leur guise en fonction de leur imagination. Un des participants a d’ailleurs souhaité pouvoir repartir avec son prototype.

Prototype de cadran solaire réalisé lors de l’atelier du 11 décembre. Collectif Presqu’en Fabrique, 2025

Lors du second, les trois participants ont pu exprimer leur créativité à partir de l’idée du cadran solaire pour réaliser une borne à l’aide de l’une des découpeuses laser du Dôme et du logiciel Inkscape. 

Temps de formation sur le logiciel Inkscape pour réaliser lors du prototype lors de l’atelier du 30 avril. Collectif Presqu’en Fabrique, 2025

Temps de réalisation des prototypes à l’aide de la découpe  laser  par les participants du 30 avril. Collectif Presqu’en Fabrique, 2025

Ces ateliers ont été enrichissants tant pour les participants que pour le collectif : 

“C’était enrichissant, c’était intéressant parce que ça permettait de découvrir en même temps les outils, les machines là-bas et d’amener d’autres personnes à les utiliser dans un but bien précis” - Mohamed.

De plus, à l’issue des ateliers, des open badges ont été proposés aux participants afin de valoriser les compétences qu’ils ont pu acquérir lors de ces ateliers. 

Proposition d’open badges aux participants des ateliers de co-prototypage. Collectif Presqu’en Fabrique, 2025

La création au coeur de notre projet

“Ça montre que la créativité elle est jamais loin, que quand on s’y mets ont peut faire beaucoup de choses avec une résonance locale, des créations, imaginations adapté au territoire ensemble, collectivement”– Mohammed.

Le processus de création de nos bornes signalétiques a débuté par une phase de benchmark. Il s’agissait pour nous de définir notre projet en le nourrissant d’exemples Français et internationaux.

En s’appuyant sur le diagnostic de terrain déjà réalisé pour la Presqu’île nous avons articulé ce travail de benchmark autour de quelques grands axes : 

  • Assurer la sécurité du parcours
  • Guider les usagers grâce à une signalétique lisible et multisensorielle adaptée à tous les publics
  • La signalétique comme support didactique
  • La signalétique à la frontière avec l’art

Cette étape a permis de faire émerger des références communes et de cerner les enjeux spécifiques du projet et a donné lieu à la réalisation d’un moodboard et à la création d’une bibliothèque de symboles, couleurs et logotypes. 

“A nous de créer une signalétique qui prend en compte les couleurs, la taille de la balise, la langue…” – Mohammed.

Une fois les grandes lignes posées, nous sommes entrés dans une phase de co-conception. À partir de maquettes et de croquis, chaque groupe a proposé une interprétation possible de la borne signalétique en fonction des contraintes énoncées. Les échanges ont permis de confronter les idées, d’affiner les choix, et de converger vers des hypothèses partagées. 

“Nous avons proposé plusieurs types de maquettes pour les bornes que nous avons réalisées afin de choisir le modèle le plus adéquat pour notre projet” – Laetitia.

À ce stade, il fallait formaliser le plan et le design de nos bornes. Un cahier des charges a donc été rédigé pour préciser les dimensions, les usages attendus, les contraintes de fabrication et les critères d’accessibilité. Nous avons réalisé des POC (Proof of Concept) : tests de proportions, de stabilité, de lisibilité… Ces essais ont validé certains partis pris et écarté d’autres. 


Prototype d’une borne signalétique. Collectif Presqu’en Fabrique, 2025

Une séance a ensuite été consacrée au co-prototypage dans l’atelier du Pavillon de Caen. Bois, tasseaux, vis, peinture : chacun a mis la main à la pâte. Nous avons assemblé les bornes, ajusté les éléments, et pris la mesure concrète des choix faits en amont. Cette phase a donné corps au projet. En parallèle un autre groupe a travaillé sur le graphisme des bornes et l’agencement des différents écriteaux. Cette étape marque la fin du processus de création et le début de la phase d’installation des bornes. La plupart des bornes ponctuant le parcours ont été installées par les services de la ville, à l’exception de quelques-unes qu’il nous a été donné de positionner sur les plots en béton.