ALIMENTATION ET CONFINEMENT : Comment se tenir en forme pendant (et après) la crise du COVID-19 ?

Publié par Lethicia Magno, le 5 mai 2020   2.1k

Depuis plusieurs semaines, nous vivons une situation sanitaire très particulière, en raison de la pandémie causée par le virus COVID-19. Les décisions prises pour ralentir la progression de la contamination de ce virus ont affecté de nombreux secteurs, et notamment celui de l’alimentation.  Dans plusieurs pays, le confinement a entrainé une modification des comportements alimentaires. Celui-ci impose une limitation du nombre de déplacement dans les commerces, afin de s’approvisionner, ainsi que l’obligation de se restaurer chez soi. Aussi, le respect de ces consignes contraint à augmenter la quantité de produits alimentaires à conserver au sein du foyer. Cependant, augmenter la quantité de produits alimentaires ne doit pas se faire au détriment de la qualité.

En effet, une publication de McKinsey & Company, datant de la semaine dernière, a mis en évidence plusieurs changements de comportement alimentaire :

  • Les « produits à stocker et consommer », qui comprennent des articles de base, tels que les céréales, les conserves et les plats préparés ont connu des pics de vente et sont encore supérieures à la moyenne
  • Les « produits autrefois consommés à l’extérieur », sont à présent importés à la maison. Cela comprend entre autres le vin, la bière, les snacks et les sucreries
  • Le troisième groupe concerne les « produits à stocker et conserver », par exemple, le papier toilette, les aliments pour animaux et les produits de nettoyage. Leur consommation a atteint un pic de vente lors de la première semaine de confinement, puis est revenu à un seuil normal

Même si beaucoup de gens se tournent naturellement vers les « aliments à stocker et consommer », tels que les plats préparés et les aliments transformés pour gagner du temps et faire des économies, il existe d’autres solutions pratiques, économiques et saines.

Pour vous aider à adopter une alimentation plus saine pendant (et après) le confinement, l'équipe Thought for Food de Caen souhaite partager avec vous quelques astuces du Dr. S. Chigouesnel, médecin nutritionniste au SUMPPS à Caen.


Tout d’abord, pourquoi et comment mange-t-on ?

Selon le Dr. Chigouesnel, les déterminismes de notre comportement alimentaire sont au nombre de quatre :

  • Environnementaux, sociaux et culturels qui « imposent » des variations d’horaires et de nombres de repas
  • Comportementaux, c’est-à-dire les acquisitions et croyances en lien avec les apprentissages, notamment les préférences et rejets alimentaires
  • Besoins psychologiques de l’ordre de l’affectif et de l’émotionnel (le stress, l’ennui…) qui se traduisent par l’envie de tel ou tel aliment
  • Besoins physiologiques de l’ordre de l’énergétique et du nutritionnel, comme le manque d’énergie qui déclenche la sensation de faim, c’est-à-dire une sensation physique de creux ou crampe épigastrique, de vertige

Ce sont les centres de la faim, au niveau du cerveau, qui adaptent notre appétit à nos besoins : si on manque d’énergie, ils déclenchent la faim. Lorsque l’on a assez manger, ils l’interrompent et nous donne une impression de satiété.

Leurs actions peuvent être perturbées et dépassées par (a) l’apport de calories sous formes liquides ; (b) un repas trop calorique, trop riche en matières grasses et trop riche en sucres rapidement assimilés (chips, plats préparés, biscuits, confiseries) ; (c) l’absence d’activité physique et (d) les grignotages (manger trop souvent, en dehors des repas).

 

Quel est donc l’impact du confinement sur notre comportement alimentaire ?

Le confinement nous rapproche de l’alimentaire dans notre quotidien. En effet, nous passons plus de temps dans notre foyer, dans notre cuisine et à proximité d’un plus grand stock d’aliments. L’exposition aux médias et publicités ciblés sur les produits alimentaires, stimulent l’envie de consommer la nourriture à notre disposition.

De plus, le confinement et la distanciation sociale peuvent conduire à un sentiment d’isolement qui entraine une grande sensibilité à la menace et une moindre capacité à réguler nos émotions. Il agit comme un facteur de stress. Les autres moyens de gestion du stress étant moins accessibles (moins de possibilité d’activité physique, réduction des libertés individuelles et de déplacement), manger devient la réponse au stress…

Tous ces facteurs contribuent à modifier notre comportement alimentaire (dysharmonie des déterminismes) avec une augmentation des grignotages et des compulsions alimentaires, ce qui peut entrainer la prise de poids et/ou aggraver des troubles préexistants (boulimie, hyperphagie). C’est ici que le concept d’alimentation saine devient important à connaitre ! 

 

Mais manger sain, ça veut dire quoi ?

Pour avoir une alimentation saine à long terme, il est important de trouver une alimentation adaptée à sa santé, tout en gardant le plaisir de manger. Voici quelques conseils pour réussir cette mission :

  • La variété : riz, pâtes et conserves ne peuvent pas être les uniques aliments de votre menu. Vous pouvez diversifier vos plats et menus. Par exemple, avec du quinoa, des lentilles, des légumes, une viande ou un produit de la mer
  • Manger brut : éviter les céréales raffinés (pâtes, riz et pain blancs) et les produits ultra-transformés, qui affichent souvent une teneur élevée en acides gras saturés, en sucres et en sel. Manger, autant que possible, locale, de saison et bio
  • L’activité physique : associée à une alimentation saine, une activité physique régulière aide à se maintenir en forme et optimise la sensation de bien-être au quotidien !
  • Les conseils d’un spécialiste : notre alimentation est souvent conditionnée par nos habitudes et notre rythme de vie, si vous souhaitez améliorer votre bien-être et santé, il est possible de prendre conseil auprès d’un nutritionniste
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 Et concrètement, que met-on dans notre assiette ?

On entend partout qu’il faut limiter le sel, le sucre, « manger 4 à 5 portions de fruits et légumes par jour » et privilégier les « bonnes graisses ». Mais que faire dans la vraie vie ?

Pour vous aider à répondre à cette question et visualiser les principes d’une alimentation équilibrée, nous avons préparé une pyramide alimentaire inversée. Le concept est très simple : privilégier les aliments en haut de la pyramide et limiter au maximum ceux du bas.

Enfin, comment adopter ces bonnes pratiques au quotidien ?

Pour maintenir une alimentation variée et nutritive, l’UNICEF conseille de maintenir un apport important de fruits et légumes. Même si l’achat, la conservation et la préparation des produits frais peuvent s’avérer difficiles pendant un confinement, vous pouvez préparer vos plats en grande quantité et les consommer peu à peu et/ou penser à les congeler.

De la même façon si le grignotage est inévitable, au lieu de consommer des aliments sucrés optez pour des produits plus sains comme les noix, fromage, yaourt sans sucre et fruits frais ou secs. Vous trouverez ici un schéma listant quelques astuces du Dr. Chigouesnel pour se tenir en forme en adoptant des gestes simples et efficaces.

Et rappelez-vous : si écouter les messages de son corps et différentier faim et envie sont des actions trop difficiles pour vous, n’hésitez pas à vous faire accompagner par des professionnels (médecins nutritionnistes, psychiatres, diététiciens ou psychologues). Ils pourront vous aider !


C’est le moment idéal pour adopter des bonnes pratiques, alors pourquoi ne pas profiter de l’occasion pour repenser notre relation homme-nature-culture et faire des repas un moment ludique et important de notre quotidien ? 


Thought for Food



Auteurs** : Lethicia Magno (Ambassadrice TFF), Dr. S. Chigouesnel (médecin nutritionniste), Antoine Grandin (Collaborateur TFF) et Galatéa Courbet (Collaboratrice TFF)

** Cet article a été produit de façon indépendante par l’équipe Thought for Food de Caen (France) avec le soutien de la Dr. S. Chigouesnel, médecin nutritionniste au SUMPPS à Caen.

 

 Références :

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