Au contact de l'accélérateur

Publié par Marylène Carre, le 29 juillet 2018   1.5k

Antoine Lemasson est chercheur en physique nucléaire au GANIL à Caen. En plus de son travail de recherche et de l’accueil des équipes scientifiques internationales, il ouvre le laboratoire au grand public et aux scolaires.

Au Grand accélérateur national d’ions lourds (GANIL), des chercheurs du monde entier viennent étudier le cœur de la matière. C’est l’un des plus grands laboratoires du monde pour la recherche avec des faisceaux d’ions. Et ici, on fait de la recherche fondamentale, notamment en physique nucléaire. "On tente de comprendre comment la matière qui nous entoure et dont nous sommes faits s’organise et a été créée", explique Antoine Lemasson. 

Pour étudier le noyau de l’atome, les physiciens le mettent à rude épreuve en le projetant à plusieurs dizaines de milliers de kilomètres par seconde sur d’autres noyaux. Ils créent des noyaux "exotiques" qui n’existent pas à l’état naturel sur Terre, et étudient les forces assurant la cohésion du noyau ou responsables de sa transformation. "Cela fait plus d’un siècle que l’on sait que le noyau existe et c’est encore un défi de modéliser précisément la force nucléaire qui fait tenir les protons et les neutrons ensemble", explique Antoine Lemasson.

DANS LE
BOUILLONNEMENT DE LA RECHERCHE

Lycéen à Caen, il a découvert la physique nucléaire et le monde de la recherche au cours d’une visite scolaire du GANIL. Il est revenu en stage, puis en thèse et après une expérience à l’étranger, il est devenu l’un des 30 chercheurs permanents du GANIL, rattachés au CNRS ou au CEA, qui ont le privilège de travailler "au contact de l’accélérateur" et "dans le bouillonnement de la recherche". 

Il développe ses propres travaux de recherche et met au point des détecteurs de plus en plus performants qui permettent d’observer ce qui se passe à l’intérieur du noyau, invisible à l’oeil du chercheur. Il participe aussi à l’accueil des équipes extérieures : plus de 300 chercheurs viennent chaque année réaliser des expériences et participer à des projets scientifiques. L’accélérateur fonctionne en continu quatre mois dans l’année, ce qui autorise un nombre d’expériences limité et rend la recherche aussi passionnante que complexe. 

"Créer un faisceau d’ions est un défi, les observer en est un autre, car on travaille sur l’infiniment petit. Aux scolaires et au public qui découvrent ce microscope de cent mètres de long, on montre à quel point il est complexe de mettre en œuvre une expérience de physique nucléaire". Les portes ouvertes organisées dans le cadre de la Fête de la Science 2018 et de l'opération "La route des énergies" permettent aussi de découvrir le nouvel accélérateur Spiral 2 en cours d’installation, qui permettra d’accélérer des faisceaux d’ions plus intenses et de produire des faisceaux de neutrons pour étudier les propriétés de noyaux atomiques jusqu’ici inconnus.


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Crédits : GANIL/P. Rouxel (DR).