Une navette électrique pour le canal de Caen la mer

Publié par Pauline Ducoulombier, le 25 mars 2019   2k

Alain Alliot, Chef du projet NEAC, est venu présenter le projet de navette électrique autonome alimenté par l’hydrogène pour le le canal de Caen aux participants du dernier “Mercredi de l’hydrogène”.

Vous avez actuellement un projet autour de la Presqu’Ile de Caen, pouvez-vous nous le présenter?

Il s'agit de concevoir, réaliser et prouver le fonctionnement de navettes électriques autonomes sur le canal pour pouvoir assurer l'interopérabilité autour de la pointe de la presqu'île et offrir ainsi  une solution de transport modal ou intermodal en cohérence avec toute l'urbanisation qui va être réaliser dans cette zone.

Cette navette sera un petit transbordeur car les contraintes  réglementaires sont telles qu'on préfère travailler sur une dimension faible. Nous utiliserons une propulsion électrique hybride avec de l'hydrogène car on sait que l'amplitude de la demande fera qu'avec des batteries ce sera compliqué d'avoir l'énergie suffisante pour assurer la mission. Si nous utilisons beaucoup de batteries, il y aura de la masse en plus et il faudra en tenir compte pour à la fois accélérer la navette ou la freiner. Nous avons également comme objectif avec les partenaires de produire une grosse partie de cette énergie sur place.

Que signifie le nom du projet : NEAC ?

NEAC est l'anagramme de Caen et l’acronyme de  “Navette Électrique Autonome sur le Canal”. Ce projet a comme objectif de créer localement  un cluster de compétence en Véhicules Autonome sur l’Eau et de pouvoir facilement expérimenter les prototypes sur le canal de Caen. D’autant que le besoin de trouver une solution de transport fluvial pour répondre à l’urbanisation prochaine de la presqu’île de Caen est un grand enjeux pour le futur.

Pour la fourniture d’énergie ce projet  bénéficie en outre d’un co-financement de la Région Normandie et de l'Europe pour le projet Eas-hymob, il y a un engagement d'établir à Caen une station de distribution d'hydrogène pour les véhicules à hydrogènes. L'objectif est d'essayer de faire que cette station soit polyvalente pour à la fois distribuer de l'hydrogène aux véhicules, aux poids lourds et aux bateaux. Quand on parle d'énergie hydrogène, c'est toujours au bout un moteur électrique mais c'est le stockage de l'énergie qui diffère, soit il se fait sous forme de batteries avec la contrainte de recharger celles-ci sur l'eau, soit on a un système de stockage d'énergie à base d'hydrogène qui à l’aide d’une pile à combustible est transformé en électricité.

En quoi ce projet est-il innovant?

Ce qui est intéressant dans ce projet c'est le fait de pouvoir piloter en autonomie complète une navette sur l'eau. Nous positionnerons la navette  avec l’utilisation du satellite Galileo car il offre aujourd'hui une assez grande précision, mais nous devrons avoir aussi une supervision vidéo pour garantir  le bon fonctionnement du bateau. Par contre il y a toujours des questionnements sur le fait de savoir si nous allons aller vers le développement d'une autonomie complète ou si nous allons pré-définir des trajets que la navette aura à suivre. Ce sont des questions qui sont dépendantes des sources de financement que l’on sera capable de lever et de la créativité qui se créera sur Caen. Car développer toute une intelligence artificielle pour faire un pilotage autonome d'un véhicule sur l'eau cela a beaucoup d'autres applications que cette navette NEAC.

L'objectif c'est qu'il n'y ait plus de pilote car ce qui grève aujourd'hui le coût du transport collectif fluvial ce sont les contraintes d'être sur un bateau avec le nombre de personnels nécessaires. De même, il sera nécessaire de réfléchir à comment on documente et de quelle façon on liste les gens qui sont à bord du bateau. Parce que lorsque vous embarquez sur un bateau, il y a un manifeste maritime qui fait que l’on sait qui a été embarqué, quand, etc. Donc il y a énormément de questions réglementaires à traiter.

Un pilote est en capacité d’intégrer des données tel que le vent. Comment la navette pourra mesurer et prendre en compte ces informations?

Nous aurons une large base de données comprenant le vent, les courants, les températures ou encore la pluie qui alimentera les algorithmes de pilotage. Aujourd'hui, le deep-learning fait qu'en faisant des essais nous apprenons assez vite et c'est ce que l'on observe dans les véhicules autonomes sur route où les algorithmes progressent car ils apprennent par eux-mêmes. L'algorithme prendra en compte l'inertie du véhicule en fonction du remplissage pour que cela devienne un moyen de transport accessible à un prix compétitif mais aussi pour que les gens l'utilisent afin d'éviter d'utiliser des moyens de transports polluants.

Comment fonctionnera la navette-t-elle?

La capacité d'une navette sera d'une dizaine de personnes car nous voulons qu'il y en ait beaucoup en circulation. Il suffira d’appeler la navette avec un téléphone portable et elle viendra vous chercher. Sur la presqu’île il y aura des parkings relais, mais on ne connaît pas encore les flux. Lorsque l’on discute avec les spécialistes, on se rend compte que l’on va vers une Uberisation des transports. C'est-à-dire qu'on veut à la fois qu’il soit possible de se transporter individuellement tout en utilisant une interopérabilité de plusieurs types de transports. Tout cela devient assez complexe, c'est pour ça qu'il faut des supports numériques pour nous aider dans les calculs.

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