Venez affirmer la nature de Caen !

Publié par Presqu'en Fabrique, le 13 septembre 2023   460

Caen.

Caen, ville portuaire et chef-lieu du Calvados, voit et vit, comme la plupart des espaces urbains français, des mutations permanentes. L’adaptation aux conséquences du dérèglement climatique, voire son anticipation, s’affirme depuis de nombreuses années comme le défi majeur auquel les villes doivent faire face. 

Caen, c’est une ville, un territoire, une histoire et également ici notre méthode, celle des étudiant-e-s de Master 2 du Campus de Caen de Sciences Po Rennes et de l’EM Normandie pour étudier la ville. Caen, pour Climat, Ancrage, Eau et Nature, c’est notre moyen pour étudier le territoire caennais sous le prisme de la nature et de l’identité. Face aux dérèglements à venir, les éléments naturels et historiques s’imposent comme la clé pour comprendre la structure, le fonctionnement urbain et anticiper les transitions. Ancrée sur son territoire et cohérente avec son histoire, la ville est ici étudiée non pas en rupture, mais avec la nature, comme un tout, pour faire face aux changements futurs, ou vivre avec eux. 

LE CLIMAT

Air, chaleur et cadre de vie.

La situation climatique actuelle peut à la fois être vue comme une force et une faiblesse du territoire caennais. En effet, son climat est modéré, doux et régulièrement arrosé, ce qui n’en fait actuellement pas un territoire sensible au changement climatique. Pourtant, ce cadre de vie est en danger, puisque Caen commence à ressentir les effets du dérèglement, notamment au travers de vagues de chaleur plus longues et intenses. Les projections sur le long terme confirment ces dynamiques : un passage de 26 à 87 jours de chaleur par an dans un scénario d’inaction climatique. La qualité de l’air à Caen reste globalement bonne, loin devant celle de Paris -qu’il s’agit de ne jamais atteindre- mais loin des recommandations de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), ce qui pourrait impacter la santé de ses habitant-es.

Si le territoire caennais subit le changement climatique, il y participe également, notamment au travers d’émissions liées aux transports, ainsi qu’à une consommation d’énergie dans les secteurs industriels et immobiliers.

L'ANCRAGE

Entre Histoire et amarrage.

À l’opposé de l’enracinement, l’ancrage peut être vu comme le fait de poser l’ancre pour un certain temps, de s’amarrer. Notre analyse de l’ancrage s’est portée sur trois axes : le terroir, l’urbanisme, et la population caennaise.  Le terroir, la combinaison entre le milieu local et le savoir-faire, est représentatif d’une fierté que peuvent avoir les habitant-es pour les produits locaux.

Ce terroir évolue avec le climat, tout comme l’urbanisme et la population locale. L’identité caennaise est liée à son rapport à l’eau. L’identité issue de l’histoire de la ville est présente matériellement dans la ville, par son patrimoine et son urbanisme, et immatériellement dans les imaginaires.

Il faut des points d’ancrage solides mais également souples, pour répondre aux besoins des populations mobiles (les étudiant-es, les exilé-es). Chaque population s’approprie à sa façon l’espace pour se sentir pleinement appartenir. L'ancrage sur le territoire caennais est à cheval entre la continuité et la mutation.

L’EAU

Ville et submersion.

L’eau a toujours eu une place particulière à Caen. La proximité avec la mer et le rôle historique de l’Orne dans l’activité commerciale ont structuré la ville. Aujourd’hui, l’eau dans le dérèglement climatique prend une nouvelle dimension. 

Historiquement, le territoire normand, plus précisément le bassin versant de l’Orne, a été identifié comme une zone à risque en termes d'inondation, de par sa situation géographique entre la mer et l’Orne. Avec l’apparition de la question du dérèglement climatique, la problématique liée aux inondations doit intégrer de nouvelles dimensions, notamment via l’élévation du niveau des mers et des océans. D’après les travaux du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) normand, cette élévation devrait atteindre plus d’un mètre à l’horizon 2100, ce qui engendre trois grands types de conséquences : les conséquences géographiques et spatiales, les conséquences sur la nature et les animaux et enfin celles qui concernent directement les habitant-es et les entreprises.

Bien qu’un cadre réglementaire national ait été depuis longtemps mis en place pour répondre à certaines problématiques liées au dérèglement climatique, avec des déclinaisons localement, de nouvelles études viennent bousculer les connaissances actuelles.

Dans le cadre de la question de l’eau, la communauté urbaine de Caen la Mer a décidé de mener une étude spécifique sur la Basse vallée de l’Orne, en prenant en compte les éléments du GIEC normand. L’idée est de pouvoir construire de nouvelles solutions adaptées à notre territoire et peut-être de faire naître de nouvelles initiatives citoyennes.

LA NATURE

Biodiversité et nature en ville.

Ville et nature vont toujours de pair. Historiquement en opposition, on cherche pourtant  constamment à ramener de la nature en ville.  

Quelle est la place de la nature dans la ville ? Aujourd'hui, Caen est la 4ème en France pour les espaces verts par habitant-es, offrant plus de 50 m2 par personne. La municipalité, ainsi que de nombreuses associations engagées, travaillent conjointement pour valoriser la nature en milieu urbain. Des initiatives telles que les “zones de spontanéité” permettent à la végétation de pousser librement.

En parallèle, des associations telles que "Caen au pied du mur" encouragent l'introduction de végétation au bas des habitations, favorisant ainsi la diversité végétale et sensibilisant à la nature en ville. Cette démarche contribue à la lutte contre les îlots de chaleur urbains.

La vision de Caen : mettre la nature au cœur de la ville pour améliorer le bien-être de tous-tes ses habitantes et habitants, tout en préservant et renforçant la biodiversité locale.

| À Caen 90% de la surface est dédiée aux zones urbanisées et 8% à des espaces verts artificialisés |

CONCLUSION

Cette année, les étudiant-e-s de Sciences Po et de l’EM Normandie vont travailler ensemble pour comprendre l’espace urbain caennais à travers la place de la nature et de l’histoire. Les conséquences du dérèglement climatique, dont l’ampleur nous est encore inconnue, nous préoccupent toutes et tous.

Les villes vont changer de visage, et nous essayons de savoir comment. Pour enrichir notre réflexion, nous aimerions ouvrir le débat et recueillir autant d’idées que possible. Si ces questions vous touchent, que ce soit par passion, inquiétude ou curiosité, vous êtes invité-es à un atelier participatif le 10 janvier 2024 au Dôme ! Ce sera un moment de co-construction, de réflexion collective, pour débattre et échanger sur notre vision de la ville de demain.