Journées Accompagnement, Reconnaissance et Emploi (2/3) : LE PARCOURS
Publié par Le labo CIBC, le 3 septembre 2020 1.1k
Les journées Accompagnement, Reconnaissance et Emploi ont été l’occasion de nombreux échanges, retours d’expériences et travaux[1]. Les interventions et tables-rondes ont été enregistrées ; vous pouvez les retrouver sur notre chaîne YouTube.
Les ateliers ont également été des temps forts, qui ont permis à chacun-e de se confronter aux enjeux liés à la création de dynamiques d’accompagnement à la reconnaissance, et de tenter d’en produire une représentation commune. Nous en proposons ici une restitution qui ne peut prétendre à l’exhaustivité. Chaque participant-e a joué un rôle spécifique au sein de chacun des ateliers, et seule la somme des expériences singulières et des perceptions et ressentis de chacun-e serait susceptible de satisfaire l’objectif d’une restitution complète et fidèle. Nous vous livrons ici la vision et l’expérience vécue par les membres du Labo CIBC, et nous vous invitons à la compléter par la vôtre en commentaire, si vous avez eu l’occasion de vivre l’une de ces journées à nos côtés. Veuillez donc considérer cet article comme inachevé, une invitation à poursuivre la dynamique collaborative de nos travaux [2].
Si l’on s’accorde sur le fait qu’un parcours nous amène d’un point A à un point B, la difficulté réside dans le fait de rendre compte de ce qui se passe entre ces deux points. Nos ateliers proposaient d’interroger la construction et la lisibilité des parcours.
« Attrapez-les tous »
Méthode
« Quentin est en année de césure, mais il est bien déterminé à vivre un maximum d’expériences. Et il se trouve que, pour chacune de ces expériences, il a obtenu un Open Badge qui vient reconnaitre son investissement. En tout, ce sont 25 badges qui sont disséminés autour du Fab Lab du Dôme, à vous d’en trouver le maximum ».
Le décor est planté. La chasse au trésor qui s’ensuit, au-delà du mérite de mettre les participant-e-s en mouvements, est déterminante dans la mesure où, en fonction de leur butin, ils-elles disposeront de plus ou moins de badges à mobiliser pour l’étape suivante. Chacun des 2 sous-groupes constitués doit en effet proposer un parcours à partir des badges en leur possession. Un parcours qui emprunte une forme linéaire, et qui permet, sur la base de l’expérience de Quentin - sorte de patient zéro de la reconnaissance – de proposer un objectif, puis des étapes utiles à d’autres usagers sur un territoire donné. Quelles opportunités rendre visibles ? Quelles expériences valoriser ? Quel parcours construire pour quel objectif ?
Résultat
Une négociation a lieu au sein de chaque groupe, qui débouchera sur une analyse des critères de choix effectués : popularité de la structure émettrice du badge, expérience spécifique, compétence précise, engagement citoyen ? Montée en compétence par étape quant à un domaine d’activités précis quitte à s’adresser à peu d’usagers, ou parcours découverte des opportunités d’un territoire ouvert au plus grand nombre ? Les objectifs visés et les stratégies mises en place pour les atteindre sont diversifiés.
Vous l’avez compris, l’intérêt de l’atelier repose plus sur le questionnement que celui-ci permet, et sur l’analyse des processus à l’œuvre dans la construction du parcours, que sur le parcours produit.
« Expérimenter le parcours »
Méthode
Organiser un speed-dating entre acteurs territoriaux et usagers, telle était l’ambition de cet atelier. Pour que les participant-e-s puissent entrer dans leur rôle et en apprécier les enjeux, des cartes personae (2 entreprises, 1 agence intérimaire, 1 accompagnateur emploi, 1 organisme de formation et 4 chercheurs d’emploi aux profils diversifiés) venaient préciser l’objectif et les caractéristiques de chacun.
Dans un premier temps, les acteurs territoriaux pouvaient s’organiser entre eux, s’accorder sur une stratégie commune, se préparer à recevoir les chercheurs d’emploi pour leur proposer une/des solutions, ou une réorientation vers un partenaire. Quant aux chercheurs d’emploi, après avoir découvert leur avatar et compris leur situation, ils devaient également réfléchir à leur stratégie – individuelle en ce qui les concerne.
Dans un second temps, le speed-dating permet à chacun de développer sa stratégie. Ce sont les chercheurs d’emploi qui déterminent vers quels acteurs ils souhaitent se diriger, et dans quel ordre.
Résultat
Une fois que tous les rdvs ont été réalisés, à l’issue des rencontres, une analyse collective est effectuée. Chacun-e est invité-e à s’interroger sur ses ressentis : sentiment de compétence, sentiment de contrôle et sentiment d’efficacité. Globalement, on note que la différenciation se fait essentiellement sur le contrôle : alors que les chercheurs d’emploi ont eu le sentiment de s’être fait « baladés », les acteurs sont satisfaits de la mise en place de leur stratégie collective d’accompagnement.
Comment les stratégies individuelles et collectives se sont-elles rencontrées, avec quel bonheur ? Comment acteurs et chercheurs d’emploi ont-ils réagi face aux sollicitations, aux propositions, aux attentes, aux besoins, pas nécessairement en phase avec ce qu’ils avaient prévus ? Les objets d’analyse de ces parcours « jeux de rôles » étaient nombreux, et nous avons clairement manqué de temps. Si l’environnement proposé est fictif pendant l’atelier, on peut penser qu’il nous permette de comprendre des mécanismes bien réels et actifs dans les parcours des personnes que nous accompagnons.
« Jouer le Parcours »
Méthode
L’objectif – comme pour « Jouer le commun », préalablement évoqué – est d’utiliser le corps comme outil de réflexion. On réfléchit ici aux différentes étapes possibles du parcours, et aux acteurs susceptibles d’y intervenir, de le faciliter.
La séquence centrale consistait donc pour les participant-e-s à incarner différentes étapes d’un parcours : départ, opportunités, rencontre, obstacle, échec, réussite, tentative, remise en question etc. Elle visait à projeter ce que l'on peut trouver sur ce parcours, les émotions, les ressentis que peut provoquer la rencontre d'une de ces étapes.
La production finale consistait à la création d’une scénette représentative d’un exemple de parcours, illustrant les conclusions communes aux participants. 5 participants sur scènes et 5 en observation en tribune pour faciliter une analyse collective finale.
Résultat
« Il y a autant de scénarios qu’il y a de personne à accompagner »
Le parcours n’est ni statique, ni linéaire, ni unique. Il doit s’adapter au contexte, à l’environnement, aux acteurs et à leur rôle, et par-dessus tout au bénéficiaire. Il revient d’anticiper et de prendre en compte l’expérience que le bénéficiaire a vécu et la singularité de son parcours. L’anticipation est complexe mais revêt une grande importance puisqu’elle permet d’avoir une vision globale quant aux besoins, ainsi qu’aux moments opportuns pour intervenir. Vision partagée, solidarité et communication sont les trois éléments clés retenus par les participant-e-s pour créer un parcours personnalisé et propice à l’atteinte des attendus du bénéficiaire.
« Dessiner le parcours »
Toujours bien accompagné, François Boissel extrait les idées des participants à grands coups de crayons et de feutres, pour aboutir à une réponse collective à la question : « comment outiller la visibilité du parcours »